•  Voici le témoignage d'un ex participant. Pourquoi interviewer un ex-participant, vous dîtes-vous? Simplement parce qu'il est un bel exemple de ce que la volonté peut accomplir. Cet homme part de loin, comme vous pourrez le constater. Mais il est suffisamment rétabli pour occuper un emploi à temps plein.

     

    Première partie du témoignage de Boutentrain-songé

     

    Bonjour ! Je m'appelle Boutentrain-songé et j'ai 43 ans. Je suis un ex-participant de Mil-Métiers. Oui, je sais : normalement, les ex, on ne veut plus tellement en entendre parler ! Dans mon cas, c'est différent : c'est SunnySoleil qui m'a approché pour ce témoignage, prétextant que j'avais des choses intéressantes à dire. C'est donc avec plaisir que je lui ai raconté mon histoire.

     

    Ces événements débutent il y a environ 30 ans, par l'apparition de symptômes que mon entourage ne semble pas avoir remarqués. Avec le recul, je peux dire qu'à cet âge,  c'est-à-dire 10 ou 12 ans, je pensais déjà au suicide.

     

    Le diagnostique n'a pourtant été posé qu'à mes 36 ans. À cette époque, j'avais des problèmes avec le distributeur d'Internet, Sympatico. Le stress engendré par cette situation a déclenché, chez moi, une psychose. D'un naturel très doux, j'étais devenu agressif. De plus, je n'arrivais plus à m'orienter dans ma ville natale, dont je connais pourtant les rues par cœur, ayant été livreur. Mais bien avant ça, j'avais remarqué chez moi une grande impulsivité, laquelle m'amenait à faire des achats inconsidérés. Le rouge est d'ailleurs la couleur naturelle du compte bancaire de plusieurs personnes atteintes du trouble bipolaire (aussi appelé maniaco-dépression) !

     

    Heureusement que le Lithium et le Risperdal existent ! Ces deux médicaments sont les seuls que j'ai eu à essayer, car ils répondaient bien à mes besoins ; leur dosage s'est échelonné sur 7 mois. Grâce à eux, mon humeur est nettement plus stable. J'ai toujours des « hop and down », mais ils sont si peu prononcés, qu'ils n'affectent plus mon fonctionnement. Par contre, la prise de ces médicaments s'accompagne du cortège d'effets secondaires suivant : tremblements, rares étourdissements, fragilité de la concentration, difficulté à synchroniser certains mouvements, diminution de la capacité à exprimer des émotions au niveau du visage, nausées.

     

    C'est lors d'une hospitalisation à l'hôpital psychiatrique Roland Saucier, que l'on a diagnostiqué ma maladie et que l'on m'a prescrit les médicaments cités plus haut. Cette hospitalisation volontaire, m'a semblé très pénible. J'y ai d'ailleurs mis fin au bout de 28 jours, incapable que je l'étais de dormir, en raison des rondes que les agents de sécurité effectuaient à toutes les heures, lampe de poche à la main, le tout sur fond de bruits divers provenant de l'étage. De plus, je me sentais en prison ; j'avais hâte de retrouver mon petit chez-moi. J'ai donc quitté l'hôpital pour être suivi en externe ; je le suis toujours, mais uniquement pour le contrôle de ma médication. Quant à ma dépression, elle a duré...1 ½. C'est long, je peux vous l'assurer !

     

    Oups ! J'oubliais de vous raconter la merveilleuse période qui a précédé l'hospitalisation, cette période où j'ai demandé du secours sans pour autant l'obtenir. Bon ! Ce sera pour une prochaine fois !





    Venez visiter dans quelques temps, afin de connaître la suite de l'histoire de Boutentrain-songé, vous constaterez qu'elle finit bien.

    SunnySoleil
    Rédactrice Conceptrice



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  • Troisième et dernière partie du témoignage de Gourmet<?xml:namespace prefix = o /><o:p class=""> </o:p><o:p class=""> </o:p> 

     

     

    Je ne voudrais surtout pas vous laisser sur l'impression que la dépression est le début de la fin. Bien entendu, j'ai de la difficulté à contrôler mes émotions, à être positif, je suis parfois agressif (à cause de l'anxiété ou parce que je me sens incompris, peu écouté) et...mon imagination se révèle excellente pour me faire voir le pire ! Il m'est pénible de fréquenter des lieux achalandés ou d'aller seul sur une terrasse de restaurant, car la vue de tous ces gens me fait sentir encore plus seul (j'ai donc un peu tendance à m'isoler...). Pour couronner le tout, j'ai des problèmes de dos ! Mais la vie ne se termine pas là !<o:p class=""> </o:p>

    Dormir, manger, me concentrer, me faire des amis, tout ça était tellement difficile au plus fort de ma dépression. J'ai même dû abandonner mes cours en raison de l'anxiété. De même, j'ai vu mon beau rêve de devenir mécanicien automobile s'envoler, en raison d'une faible tolérance à la pression (bien sûr, mon physique peu imposant ne m'a pas aidé non plus !). J'en parle au passé, car c'est beaucoup moins accablant maintenant. De même, si les tâches quotidiennes ont déjà représenté un lourd fardeau pour moi, ce n'est plus le cas, je les fais assez aisément. Même que j'avoue bien aimer magasiner, surtout en bonne compagnie : pendant que je me concentre sur cette tâche, je ne pense pas au pire !

    <o:p class=""> </o:p>

    D'autres activités me font du bien : la lecture, le vélo, prendre un café au restaurant avec des amis, mes tâches en atelier (bien sûr !), de petites marches... L'important pour moi étant de ne pas donner la chance aux idées noires de m'envahir : j'essaie donc de demeurer actif, ce qui n'est pas toujours évident, cependant. Ça demande un effort, mais ça m'aide beaucoup, surtout le vélo.

    <o:p class=""> </o:p>

    Il y a une question que j'aimerais aborder, c'est à dire celle de la violence que j'ai subie dans mon enfance. En effet, dans mon cas et dans celui de beaucoup d'autres personnes, elle joue un rôle déclencheur dans l'apparition de la dépression. Ça a causé mes problèmes émotionnels et physiques, la dégradation de mon estime personnelle et  nuit à mes relations sociales, en plus de me donner une bonne dose de colère refoulée. Le stress, la maladie et la fatigue peuvent, quant à eux, contribuer à déclencher de nouvelles crises d'angoisse et renforcer la dépression.

     

    Je vais sûrement vous surprendre en vous disant que je vois des côtés positifs à la dépression. Hé oui ! Ca m'oblige à prendre plus soin de moi physiquement et mentalement, à respecter mes limites, à me rapprocher de mes amis. Je souligne que ça m'a amené à fréquenter Mil-Métiers, lieu où je suis en relation constante avec des gens en mesure de comprendre mes problèmes, car ils en vivent eux-mêmes des semblables. J'ai d'ailleurs de meilleures relations de travail à Mil-Métiers que ce que j'ai connu auparavant. Je comprends mieux mes confrères aussi... <o:p class=""> </o:p>J'ai espoir de devenir plus positif,  de diminuer mon anxiété et d'augmenter mon niveau de bonheur, en plus d'être davantage à l'aise en public.

     

    Mon mot de la fin ? Gardez l'espoir, soyez moins sévères envers vous-même, n'anticipez pas trop, faites des activités physiques selon vos capacités... En fait, je ne vous recommande que ce que j'essaie le plus possible de faire, sans toutefois toujours y arriver.  Quant à ceux qui n'ont jamais fait de dépression et se croient au-dessus de ça, je signale que la dépression n'est pas un signe de faiblesse et que personne n'est à l'abris d'en faire une.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p class=""> </o:p><o:p class=""> </o:p>

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  • 2ième partie du témoignage de Gourmet<?xml:namespace prefix = o /><?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p class=""> </o:p>

    La première partie de mon témoignage portait surtout sur mes symptômes, ma médication et les effets secondaires de celle-ci. La deuxième, quant à elle, sera surtout axée sur ma relation à l'autre, dans ce contexte de maladie mentale. En effet, lorsqu'on souffre d'une maladie mentale, non seulement nos relations interpersonnelles sont-elles perturbées, mais nous éprouvons aussi un grand besoin de support.

    <o:p class=""> </o:p>

    Du support, j'en ai trouvé surtout auprès de mes amis et d'organismes ou de professionnels (CLSC, Macadam, médecin de l'urgence, travailleuse de rue, info-suicide). J'en ai peu reçu de ma famille ; j'aurais aimé en obtenir davantage.

    <o:p class=""> </o:p>

    Mon diagnostic a été bien reçu par les rares personnes auxquelles j'ai osé le révéler. Cela n'a pas été le cas de mon père, avec qui ma relation était déjà assez difficile ; il a démontré peu d'ouverture et de compréhension.

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    En ce qui concerne l'attitude des gens à mon égard, j'aimerais souligner quelques points importants. On m'a entre autre reproché mon air déprimé, mon visage peu souriant. J'espère bien que j'avais l'air déprimé, je n'ai pas une schizophrénie, je souffre de dépression ! J'avoue que mon entourage se serait sûrement senti mieux si je m'étais collé un sourire factice dans le visage. Mais le stock, au Centre commercial, en est épuisé! À bien y penser, je n'en avais plus en réserve non plus !

    <o:p class=""> </o:p>

    J'ai également reçu des ordres, je me suis fait rudoyer verbalement. J'ai sincèrement eu l'impression qu'on voulait que j'aille plus mal encore ! Davantage d'écoute, quelques offres de sorties afin de briser mon isolement (un simple café au resto, par exemple), m'auraient tant aidé ! D'autres petits gestes auraient pu faire une grosse différence pour moi : que les gens me parlent avec douceur, qu'ils prennent en compte ma faible concentration et répètent leurs explications sans se fâcher. J'aurais également apprécié qu'ils m'expliquent les raisons de leur silence, par exemple, m'empêchant ainsi de m'imaginer qu'ils étaient en colère contre moi. En fait, ce sont de petites attentions qui font une énorme différence.

    <o:p class=""> </o:p>

    Je dois avouer que mon moral est bien meilleur depuis que je vais à Mil-Métiers, justement parce que ça me sort de mon isolement et qu'il faut bien se le dire, là-bas plein de petits événements comiques se produisent tous les jours. Je me surprends à rire à nouveau. Et puis, il y a toutes ces personnes qui demandent de mes nouvelles ; ça me fait me sentir apprécié. C'est sans compter que les tâches que j'accomplis à Mil-Métiers m'occupent l'esprit, laissant moins de place aux idées noires.


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  • Aujourd'hui, je vous présente la première partie du témoignage de Gourmet, 43 ans (nom fictif).

     

    Comme vient de le mentionner Sunny , j'ai 43 ans. Je vais vous entretenir d'anxiété et de dépression, mes amies trop intimes.

     

     

    En fait, mon anxiété généralisée a débuté il y a dix ans environ. Personnellement, je pense que mes problèmes de dos influaient là-dessus. La dépression, quant à elle, s'est pointé le nez après ma séparation, il y a deux ans.

     

     

    L'antidépresseur et l'anxiolytique que je prends diminuent beaucoup mes symptômes. Avant de commencer la médication et la thérapie, j'avais beaucoup tendance à anticiper les problèmes, à être anxieux de tout, inquiet de la perception que l'entourage avait de moi. 

     

     

    Je subissais une perte de motivation généralisée et fluctuante, ma concentration partait à la dérive. La fatigue chronique, l'insomnie, la perte d'appétit, les pensées suicidaires ainsi que les maladies psychosomatiques, étaient devenues de bien indésirables compagnes !

     

     

    Le bon côté de toute cette anxiété, c'est qu'avec les palpitations et les serrements de gorge que je ressentais, j'étais bien certain d'être toujours vivant ! Parlons-en, de ces serrements : ils me donnaient l'impression d'avoir trop ajusté ma  cravate, et ce, même les matins où je n'en portais pas !

     

     

    Six mois de thérapie en externe à l'hôpital Roland Saucier ont ajouté aux bienfaits de la médication : cela a fait « sortir le méchant » ! Cette thérapie m'a aidé à évacuer la colère que je ressentais envers mon père ; mes malaises psychosomatiques ont diminué et je me suis senti moins démuni sur le plan affectif. De plus, j'ai eu le bonheur d'expérimenter une belle relation de confiance avec un autre être humain, c'est-à-dire mon psychologue.

     

     

    Vous vous demandez sûrement si ma médication me causait des effets indésirables. En effet, elle me rendait légèrement somnolent, surtout au début. Je compensais en adaptant mes tâches en fonction du degré de somnolence éprouvé. Je supportais très facilement ce léger désagrément en raison de tous les effets positifs qui compensaient largement ce petit inconvénient.

     

     

    Cette partie-ci du témoignage de Gourmet vous a renseigné sur le vécu d'une personne anxieuse et dépressive. La seconde, plus intimiste, portera sur ses espoirs,  ses attentes, sans oublier les réactions de son entourage lors de la révélation de son diagnostic.

     

     

     

    SunnySoleil

     

    Rédactrice-Conceptrice


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  • Deuxième partie du témoignage de la cascadeuse.<?xml:namespace prefix = o /><o:p class=""> Vous trouverez la première dans la rubrique : témoignages de participants.</o:p> 

     

    Ma condition physique est un peu boiteuse, comme moi, quoi : j'ai une paralysie cérébrale, à laquelle s'est greffé un ACV. Ma dextérité manuelle est donc diminuée et j'ai, en plus, la démarche originale d'un joli petit canard (heureusement que je suis une grande fan de Donald Duck...dont j'imite d'ailleurs le coin-coin chuintant lorsque je suis fâchée!). Parfois même, je fais des chutes; certaines ont été si graves qu'elles ont provoqué de petites commotions. Comme si ce n'était pas assez, particulièrement lorsque je suis fatiguée ou tendue, je souffre de spasmes incontrôlables; je gigote alors tel une marionnette prise de folie...ce qui peut sembler rigolo, mais pas pour moi ! Plus je vieillis, plus mes limites physiques augmentent. Tout ceci affecte la perception que j'ai de moi-même, fragilisant du même coup ma santé mentale. Je suis donc un peu dépressive...<o:p class=""> </o:p> 

     

    En raison de l'atmosphère détendue de l'atelier et de l'attitude amicale et chaleureuse des intervenants ainsi que des participants, je contrôle plus aisément mes spasmes. Les exercices du cours de français, quant à eux, me font travailler ma dyslexie. <o:p class=""> </o:p> 

     

    En dehors de Mil-Métiers, j'ai souvent fait rire de moi parce que j'écris mal, en raison de ce problème, idem pour le  bégaiement. Ici, les gens rient avec moi de mon langage écrit et parlé plus créatif que la moyenne; ils ne sont jamais méchants. Même que SunnySoleil se marre bien, avant de m'aider à prononcer le mot, lorsque je lui étire sous le nez une syllabe en « be », tel de la tire Ste-Catherine! À Mil-Métiers, on m'aide vraiment à persévérer dans mon entreprise d'amélioration de la qualité de mon langage écrit et parlé, de même que dans la poursuite de mes projets. Je veux en effet un jour écrire des contes pour enfants, ce qui représente un gros défi lorsqu'on est dyslexique. <o:p class=""> </o:p> 

     

    Se découvrir des talents méconnus; ça remonte l'estime de soi. Fabriquer du papier ou des marionnettes peut sembler bien banal. Pour une personne qui se croit moins bonne ou moins importante que les autres en raison de ses limites physiques, ça ne l'est pas... De plus, le travail manuel que je fais à Mil-Métiers m'a  rendue plus autonome dans mon quotidien, ceci dans plusieurs domaines. Pour faire court, je vous dirai seulement que je découpe beaucoup plus facilement les légumes, maintenant. Quant à mes besoins, j'hésite moins à les exprimer; je suis capable de demander de l'aide. Par ailleurs, comme j'ai appris à modeler la terre glaise au cours de bricolage du mardi matin, j'ai maintenant un nouveau loisir qui m'apportera la fierté d'avoir produit une œuvre toute seule, d'avoir exercé ma patience et ma créativité. Contempler ce que mon imagination a su faire surgir de ma motte de terre ; quel plaisir et quel soutien pour mon estime de moi ! Ha, j'oubliais : la connaissance du mixage adéquat des couleurs, lequel est indispensable à toute personne qui, comme moi, fait un peu de peinture, je l'ai développée en mélangeant de la gouache afin de donner une teinte couleur peau aux marionnettes de papier mâché et en colorant le papier recyclé destiné à faire des cartes. Bref, deux belles activités m'occuperont désormais l'esprit lors de mes jours de congé, la peinture et le modelage; j'aurai moins de temps pour m'appesantir sur la lente détérioration de mes capacités physiques...<o:p class=""> </o:p> 

     

    Je recommande Mil-Métiers à toute personne qui ressent le besoin d'un tel programme. C'est une avenue intéressante : pas de thérapie, pas de théorie. On travaille sur nous par le biais de travaux manuels (concentration, socialisation, estime de soi, etc.). J'ajoute que lorsque c'est nécessaire, les intervenants nous réfèrent à certains organismes ou ressources extérieures susceptibles de nous aider davantage.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p class=""> </o:p>

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